L'histoire de notre festival

Quelle est la place de la musique classique en Corse ?

Sacha : Il y a un grand amour des voix mais la musique instrumentale classique n'existe pratiquement pas en dehors de quelques festivals et des grands pôles Ajaccio et Bastia.

Hugo : Nous étions en Corse pendant le confinement, et nous avons eu envie de soutenir la profession et tous les jeunes qui, comme nous, ne pouvaient plus exercer leur métier : on s'est mis à imaginer un festival dans notre magnifique région de l'Ouest Corse et c'est comme ça qu'est né Corsica Cantabile.

Comment avez-vous franchi le pas ?

Hugo : Notre force, c'est notre connaissance intime de l'Ouest Corse : nous avons très vite trouvé des soutiens, car les collectivités ont été séduites par ce projet porté par deux jeunes artistes insulaires.

Sacha : Et ça marche ! Les retours des artistes et du public sont vraiment enthousiastes. Le festival a su s'ancrer dans la vie des résidents de la micro-région, mais aussi de toute la Corse.

Quelle musique voulez-vous proposer ?

Sacha : Ce que nous voulons apporter, c'est la musique telle qu'on l'aime et qu'on la pratique, la musique de chambre pour les échanges et les rencontres que ces petites formations permettent.

Hugo : Nous voulons proposer bien plus que cela aussi, nous voulons créer des ponts entre les cultures et les musiciens : bien sûr de la musique classique, à travers la musique de chambre et le lyrique, mais nous tenons également à mettre la Corse au centre de programmation telle une épice dans un plat pour le sublimer.

Sacha : C'est important ! Nous n'oublions pas nos racines, la culture Corse est et sera toujours une ligne artistique de notre programmation, c'est ce que les gens viennent chercher chez nous et c'est notre identité. Nous tenons à ce que chaque musicien apporte un peu de lui même, de sa culture, de ses origines dans nos programmes. La musique classique est notre vecteur commun et nous cherchons à avoir une singularité, un petit plus que les autres festival de musique classique de France ne recherchent pas forcément.

Qui sont les artistes de Corsica Cantabile ?

Sacha : Hugo a étudié à Paris et moi à Lyon, nous sommes en contact avec des musiciens talentueux à l'orée de leur carrière, voire déjà bien installés et qui sont prêts à se lancer dans une aventure un peu différente. Nous voulons créer une émulation entre les jeunes musiciens, les talents internationaux et bien sûr de Corse.

Hugo : On vit quelques jours en communauté à Piana et au Couvent St François de Vico, c'est un moment de partage, mais aussi de travail intense pour les artistes, tous sont émerveillés et inspirés par la beauté et l'authenticité de la région.

Vous mettez particulièrement les artistes corses en avant, pourquoi ?

Sacha : Nous sommes bien placés pour savoir qu'il n'est pas aisé de pratiquer ou étudier la musique et encore plus la musique classique en Corse : tous les instruments ne sont pas proposés dans les conservatoires et c'est un milieu un peu clos même si cela tend à changer. Pour nous malheureusement il a fallu quitter l'île pour continuer nos études musicales et approfondir notre passion.

Hugo : C'était donc important pour nous que le festival mette en lumière les artistes locaux qui ont peu l'occasion de se produire chez eux.

Sacha : Nous souhaiterions aller plus loin en créant des rencontres entre musiciens corses, car beaucoup sont isolés. Nous ne nous connaissons pas tous forcément, car nous sommes souvent très éparpillés, Corsica Cantabile doit devenir notre point d'ancrage. Il y a beaucoup de talents ici !

Hugo : Les Concerts Cantabile, qui ont été notre déclinaison en 2024, sur le continent et plus particulièrement à la Salle Cortot de Paris, ont permis de mettre en avant des artistes insulaires tel que Michelle Fieschi, Amelie Tatti, Noélia de Freitas et nous-mêmes. Ce coup de projecteur sur ces talents est crucial dans un métier tel que le nôtre qui est principalement fait de rencontres et d'opportunités à saisir.